Nous avons frôlé le pire, l’«infranchissable» seuil de risque lors du match CA-ESR à la salle Gorjani.
Il aurait suffi d’un rien pour que des centaines de supporters du CA périssent en se bousculant et en brisant le grillage pour fuir la ruée des policiers qui ont usé de lacrymogène. Et pourtant, le match se déroulait tranquillement. Selon les recoupements faits et les déclarations du ministère de l’Intérieur, ainsi que les témoignages recueillis, ce fut une mauvaise manipulation de lacrymogène de la part de deux policiers. Et puis la suite, une dure (trop) et inexplicable intervention de la part des forces de l’ordre. Heureusement qu’il n’y a pas eu de morts, ni de blessés graves.
C’est le énième incident violent qui surgit dans notre sport. Quelques jours plus tôt, le match USM-CA (en basket aussi) a connu lui aussi des scènes de violence à la mi-temps, qui auraient pu faire arrêter ce match, repris après un certain temps.
On se met du côté du public qui assiste aux matches du basket, du hand ou du volley. Appelé public des salles, ce public diffère de celui du football en un point saillant. Il est contraint de supporter son club dans un espace fermé contrairement aux stades ouverts en football. Toute la différence est là : l’usage du lacrymogène est donc très risqué dans une salle couverte. Tout comme l’usage des fumigènes et des pétards.
Cela fait des années que nos salles courent ce risque mortel, mais entre-temps, aucune mesure n’a été prise, aucun débat n’a été suivi de vraies et courageuses décisions. En deux mots, l’approche sécuritaire doit impérativement changer : il n’est pas recommandé d’utiliser le lacrymogène dans une salle couverte, ni de passer directement à la force pour faire régner l’ordre. Les techniques d’intervention sur un match ont changé partout dans le monde. On privilégie désormais un travail en amont et en coulisses avec des rencontres avec les supporters, une identification digitale des supporters pour éventuellement écarter les personnes violentes à accéder, une souplesse dans l’usage de la force pendant un match pour éviter le pire et l’escalade, la désignation ou l’approbation de représentants des groupes de supporters capables de maîtriser les jeunes souvent responsables des actes de violence. Bref, le ministère de l’Intérieur doit absolument revoir la manière dont il sécurise les matches, notamment dans les salles couvertes où les risques sont considérables. Et qu’on commence par bannir ou minimiser l’usage du lacrymogène dans les salles couvertes en premier lieu et les stades en second lieu.